- cimetière
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• cimitere 1190; lat. ecclés. cœmeterium, gr. koimêtêrion « lieu où l'on dort »1 ♦ Lieu où l'on met les restes des morts. ⇒ charnier, nécropole, ossuaire. Cimetière souterrain. ⇒ catacombe, crypte, hypogée. Cimetière militaire. Porter un mort au cimetière (⇒ enterrement, inhumation) . Les tombes, les caveaux d'un cimetière. Crématorium, columbarium d'un cimetière. Le gardien, les fossoyeurs d'un cimetière. Aller au cimetière le jour de la Toussaint. Concession temporaire, perpétuelle dans un cimetière. Il repose au cimetière.♢ Par ext. Cimetière de chiens. — Le cimetière des éléphants : endroit où, d'après la légende, viennent mourir les éléphants; fig. lieu de relégation. ⇒ placard.2 ♦ Lieu où sont mortes beaucoup de personnes. Faire d'une ville un cimetière. « Du haut de ce cimetière ensanglanté [Eylau] » (Sainte-Beuve).3 ♦ Lieu où sont rassemblés des véhicules hors d'usage. Un cimetière de voitures, de bateaux.cimetièren. m.d1./d Lieu, terrain où l'on enterre les morts.d2./d Par ext. Endroit où l'on dépose ce qui est hors d'usage. Cimetière de voitures.⇒CIMETIÈRE, subst. masc.A.— Terrain généralement bénit, le plus souvent clos de murs, dans lequel on enterre les morts. Porter, accompagner, conduire un corps, un mort au cimetière; un cimetière suburbain, militaire, de campagne, de village; la paix des cimetières. Synon. poét. champ des morts, champ du repos. De magnifiques champs de cyprès, au pied desquels blanchissent les tombes des cimetières turcs (LAMARTINE, Voyage en Orient, t. 2, 1835, p. 334). Quand on sort des cimetières le jour des morts, on en rapporte une sérénité grave (MÉNARD, Rêveries d'un païen mystique, 1876, p. 224) :• 1. ... M. de Borose fut enterré avec les cérémonies du rituel le plus complet. Son convoi fut suivi jusqu'au cimetière du Père Lachaise par une foule de gens à pied et en voiture...BRILLAT-SAVARIN, Physiol. du goût, 1825, p. 302.• 2. Les petits ifs du cimetièreFrémissent au vent hiémal,Dans la glaciale lumière.Avec des bruits sourds qui font mal,Les croix de bois des tombes neuvesVibrent sur un ton anormal.VERLAINE, Poèmes saturniens, Caprices sub urbe, 1866, p. 79.• 3. Des chants encore s'élevèrent; une bénédiction descendit sur le cercueil. Le cimetière était plein; il y avait des hommes, des enfants, des femmes entre toutes les tombes et jusque sur le mur d'enceinte.R. BAZIN, Le Blé qui lève, 1907, p. 356.• 4. Mon cimetière à moi est dans la prière du matin et dans celle du soir. C'est cela qui compte. Et puis, il n'y a pas de cimetière parce qu'il n'y a pas de morts. Les absents vivent en Dieu et Dieu a dit qu'il n'était pas le Dieu des morts, mais des vivants.GREEN, Journal, Le Bel aujourd'hui, 1955-58, p. 137.— Loc. fam. Expédier qqn au cimetière. Le faire mourir (cf. POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 15). Aller droit au cimetière. Aller À la mort (cf. PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 3, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 313). Entre le baptistère et le cimetière. De la naissance à la mort (cf. FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, p. 296).— Loc. proverbiale. Faire les cimetières bossus (cf. bossu C, ex. 8).Rem. Emploi dans le titre d'une œuvre : Le Cimetière marin, titre d'un poème de Paul Valéry paru ds Charmes en 1920. Mon poème « Le Cimetière marin » a commencé en moi par un certain rythme, qui est celui de vers français de 10 syllabes, coupé en 4 et 6 (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 161). Le Cimetière juif, intitulé d'un tableau de Ruisdaël, célèbre paysagiste du XVIIe s. Il est un tableau dont nous savons avec certitude qu'il ne correspond pas à la réalité, car le site existe toujours. C'est le Cimetière juif, sujet tant aimé de Ruisdaël (HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, p. 260).— P. métaph. Un cimetière de plantes sèches (A. DAUDET, Les Rois en exil, 1879, p. 309). Ce carnet qui depuis longtemps n'était plus qu'un cimetière d'articles mort-nés (GIDE, Journal, 1935, p. 1235) :• 5. La mémoire, quel cimetière! Proches ou lointaines les tombes se multiplient et dans une époque comme la nôtre, les morts jouent à saute-mouton et reviennent, fonçant des cieux!CENDRARS, La Main coupée, 1946, p. 48.• 6. ... la mélancolie fait d'une certaine société une assemblée de morts-vivants, un cimetière de surface, si on peut dire; elle enlève l'appétit, le goût, noue les aiguillettes, éteint les lampes et même le soleil...GIONO, Le Hussard sur le toit, 1951, p. 370.— Au fig. Lieu où la mort sévit. L'Irlande dont on fait un cimetière, l'Italie dont on fait un bagne (HUGO, Les Feuilles d'automne, 1831, p. 711). Cimetière ardent des batailles (CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 63). Il ne faut pas écouter ceux qui veulent faire du Matterhorn un cimetière (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 127).SYNT. Aller, se rendre, monter, s'agenouiller, prier, porter des chrysanthèmes au cimetière; être enseveli, inhumé, déposé, couché au cimetière; gagner, longer, traverser, visiter le cimetière; revenir, faire le tour du cimetière; s'acheminer vers le cimetière; acheter une concession temporelle, perpétuelle au cimetière; le trajet, le voyage, le cortège, le convoi de l'église au cimetière; une promenade, une visite au cimetière; le retour du cimetière; concierge, gardien, fossoyeur du cimetière; animaux de cimetière; le gazon, les verdures d'un cimetière; clôture, croix, tombes, rites, feux-follets, revenants d'un cimetière; arbres, terre, coin de cimetière; un cimetière abandonné, désaffecté, entretenu, fleuri, hanté, ombragé, paisible, silencieux.B.— P. ext.1. Un cimetière d'animaux :• 7. ... la grille du cimetière des chiens, à travers laquelle on voit de vieilles dames à fourrure en poil végétal (...) sarcler des tombes effroyablement inégales, perroquets, éléphants et levrettes y alternant...GIRAUDOUX, Suzanne et le Pacifique, 1921, p. 30.2. Terrain où l'on entasse des engins hors d'usage. Un cimetière de voitures. Le cimetière des bateaux. Quand ils étaient par trop délabrés, on les mettait là au rancart : ils pourrissaient (MOSELLY, Terres lorraines, 1907, p. 50).— P. métaph. Les envoyer [les lettres] à la corbeille, cimetière des vieux papiers (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Une Lettre, 1885, p. 579).♦ Cimetière radioactif. ,,Emplacement aménagé pour recevoir des objets radioactifs indésirables`` (Nucl. 1964).Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. cimetiéreux, euse. L'aspect cimetiéreux des campagnes (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1875, p. 1072). Ils [les deux frères] avaient introduit dans leurs exercices un certain fantastique, qui n'avait rien de cimetiéreux, de triste, de sombre (E. DE GONCOURT, Les Frères Zemganno, 1879, p. 126).Prononc. et Orth. :[
]. FÉR. 1768 note : ,,Les Angevins et les Manceaux disent cemetière; d'autres disent cimitière.`` Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1155 cimetire (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 7994); XIIIe s. cimetiere (Ménestrel Reims, 213 ds T.-L.); subst. masc. et fém. jusqu'au XVIe s. (Sceve ds GDF. Compl.); 1513 fig. « lieu où meurent beaucoup de personnes » (La Deploracion des trois Estatz de France ds Anc. poésies fr., t. 3, p. 257). Cimetire est issu du lat. chrét. cimiterium (Cyprien, Ep., 80, 1 ds BLAISE) pour coemeterium (Tertullien, ibid.), lui-même empr. au gr.
« lieu où l'on dort » et « lieu où reposent les morts », le -i- étant peut-être dû à la prononc. pop. du gr., conservée dans le gr. mod. (DG, § 504 et BL.-W5.); pour la forme cimetiere v. THOMAS (A.) Nouv. Essais, p. 140 et FOUCHÉ t. 2, p. 418. Fréq. abs. littér. :2 528. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 004, b) 4 167; XXe s. : a) 5 124, b) 2 871. Bbg. GOUG. Lang. pop. 1929, p. 10.
cimetière [simtjɛʀ] n. m.ÉTYM. XIIIe; cimetire, XIIe; du lat. ecclés. coemeterium, grec koimêtêrion « lieu où l'on dort ».❖1 Lieu où l'on enterre les morts. ⇒ Camposanto (cit. 1), champ (des morts), charnier (vx), columbarium, nécropole, ossuaire (cf. fam. Le boulevard des allongés). || Cimetière souterrain. ⇒ Catacombe, crypte. || Cimetière militaire. || Porter un mort au cimetière. ⇒ Enterrement, inhumation; crémation, crématoire (four), incinération. || Le gardien, les fossoyeurs d'un cimetière. || Les tombes d'un cimetière. ⇒ Caveau, sépulture, tombe. || Les mausolées, la lanterne des morts d'un cimetière. || Les morts qui reposent dans les cimetières. ⇒ Cadavre, corps, 3. mort. || Feux follets des cimetières. || Les cimetières appartiennent aux communes. || Concession temporaire, perpétuelle dans un cimetière. — Le Cimetière marin, poème de Valéry. || Les Grands Cimetières sous la lune, ouvrage de Bernanos.1 Le mot de dormir ne se peut approprier qu'aux corps, dont est venu le mot de cimetière, qui vaut autant comme dormitoire.Calvin, Institution de la religion chrétienne, 803.2 Il approuve avec douleur l'enseigne d'un marchand hollandais qui, ayant mis pour titre À la paix perpétuelle, avait fait peindre dans le tableau un cimetière.3 Il faudrait qu'on ne recueillît rien de ce qui croît dans nos cimetières, et que leur herbe même eût une inutilité pieuse.Joseph Joubert, XIII, 34.4 On eût dit, en voyant ces morts mystérieux(…) Que, dans le cimetière où le cyprès frissonne,(…) Tous ces assassinés s'éveillaient brusquement (…)Hugo, les Châtiments, « Nox », V.5 Mes chers amis, quand je mourrai,Plantez un saule au cimetière (…)Et son ombre sera légèreÀ la terre où je dormirai.A. de Musset, Poésies nouvelles, « Lucie ».6 Au pied de la chapelle, sur l'un des côtés, l'on a rangé les restes du cimetière (…)André Suarès, Trois hommes, I, « Pascal », p. 19.7 Il a déjà fait achat de la concession, au cimetière de Nesles, car il veut reposer, plus tard, dans le village de ses pères.G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VI, X, p. 366.8 Je pénétrai dans le petit cimetière avoisinant. Il restait là quelques pierres tombales envahies de ronces et deux croix de fer qui chaviraient. Dans le fond de l'enclos, contre la muraille, on voyait une tombe fraîche, avec un pot de porcelaine blanche posé à même la terre mouillée.H. Bosco, Hyacinthe, p. 216.♦ Lieu solitaire, désert, désolé, calme comme un cimetière.♦ ☑ Loc. (Fam.). Envoyer, expédier qqn au cimetière, le faire mourir. — ☑ (Vieilli). Rendre les cimetières bossus. — ☑ Aller droit au cimetière, à la mort.2 Lieu où beaucoup de personnes sont mortes. || Le champ de bataille, la ville après le siège, n'étaient plus que de vastes cimetières.3 (Qualifié adj. ou compl. en de). Lieu où l'on rassemble les restes d'animaux, des objets hors d'usage. || Un cimetière de voitures. — (1964). || Cimetière radioactif : lieu aménagé pour recevoir des déchets radioactifs. — Absolt. || « Les scientifiques veulent ainsi étudier les effets à long terme de l'entreposage, dans le granit, de “cendres” nucléaires, pour voir si un tel environnement constituerait un cimetière convenable » (Sciences et Avenir, sept. 78, p. 9).♦ Fig. || Le cimetière d'une civilisation disparue. || « Les musées (cit. 3), cimetières des arts ».9 (…) cette retraite jusqu'où ne parviennent pas les rumeurs et les fracas de la grande ville moderne. C'est le cimetière d'un peuple et d'une civilisation.G. Duhamel, Scènes de la vie future, XI, p. 169.❖CONTR. Berceau, naissance (lieu de).
Encyclopédie Universelle. 2012.